17 Août 2016

Cycle de vie des expériences à bord de l'ISS

Sélection des expériences

Régulièrement, les agences spatiales partenaires de la station spatiale internationale émettent un appel à proposition conjoint sollicitant des expériences scientifiques sur les instruments développés pour l'ISS. Un comité international évalue les réponses envoyées par des scientifiques ou des équipes. L'évaluation porte d'abord sur la pertinence, l'originalité, la qualité de la proposition ainsi que sur les compétences des équipes proposantes. Ensuite, une équipe internationale d'ingénieurs provenant des agences spatiales évalue la faisabilité technique de la proposition, compte tenu des nombreuses contraintes qu'impose le vol habité.

Préparation des expériences

Quand les expériences sont sélectionnées, ce sont les agences spatiales nationales qui financent les développements des équipements particuliers nécessaires à leur réalisation. L'ESA, pour ce qui concerne les propositions menées par les européens, fournit le moyen d'emport (Navette, ATV, Soyouz, Progress...) ainsi que la mise en œuvre de l'expérience en vol et, le cas échéant, de ses duplications au sol. La préparation et les tests peuvent durer de 2 à 5 ans selon la complexité du scénario et de l'expérience. Les centres ESA d'aide aux expérimentateurs (User Support Operation Center - USOC) comme le CADMOS situé au CNES de Toulouse, le MUSC en Allemagne ou MARS en Italie, aident à cette préparation et surtout à la préparation des phases nécessaires pour placer l'expérience en orbite et l'y opérer. Quand l'expérience est prête il ne reste plus qu'à trouver l'opportunité d'emport sur un des vaisseaux desservant la station.

Une fois à bord l'expérience est mise en route par les astronautes et contrôlée par l'USOC qui en est responsable. Les scientifiques suivent régulièrement son déroulé, interviennent si nécessaire pour ajuster tel ou tel paramètre si le besoin s'en fait sentir. Dans les expériences comme Expose, il n'y a pas de données scientifiques proprement dites qui soient recueillies en vol. Seules les données d'environnement (éclairement, température) sont soigneusement mesurées en vol puis transmises et enregistrées au sol. Il ne faut pas croire que lorsque l'expérience est en vol tout soit fini. C'est même souvent le contraire ! Les scientifiques attendent le retour des échantillons exposés pour les analyser. Dans ce cas il faut bien sûr trouver une place sur un des vaisseaux qui rapportent des astronautes sur Terre.

Dans le cas des expériences qui utilisent des échantillons, le véritable travail scientifique commence lorsque ceux-ci sont, de retour, en bon état, dans le laboratoire. Ils ne prennent leur valeur que si les expériences de contrôle menées au sol ont réussi à reproduire fidèlement l'essentiel des conditions d'environnement que les échantillons spatiaux ont connu. Une fois stockés, préservés, identifiés et analysés, les échantillons sont prêts à livrer toutes les informations dont ils recèlent. Les scientifiques interprètent les résultats, les comparent entre eux, les confrontent aux modèles théoriques et enfin les publient (avec l'interprétation qu'ils en font) dans une revue scientifique. C'est au vu de ce "papier" que l'expérience est considérée comme réussie. Depuis sa conception initiale jusqu'à cette phase ultime, il a pu s'écouler 5, 6 ou 10 ans !!!